Un méga HELLFEST 2018

Photographe autodidacte, j'ai commencé gentiment avec un 350D et aujourd'hui d'un 70D.

Etant parti sur Poitiers, grâce à la création de Concertmag, je suis devenu photographe de concerts depuis 3 ans sur la Vienne et les Deux Sèvres.

Depuis un peu moins d'une année, j'ai élargi mon activité photographique et me suis mis à la photographie de portrait avec des shootings mode.

Hellfest, lieu de pélerinage ultime pour la plupart des « metalleux », dont les riffs et autres rythmes épiques qui en émanent résonnent chaque été avec plaisir dans nos oreilles : impossible de manquer cet événement musical majeur dans l’Hexagone ! Cette année, j’ai eu le plaisir de couvrir ce festival en binôme avec Didier Brun, photographe accrédité également pour le compte de ConcertMag. Œuvrant de concert (sans mauvais jeu de mots), nous nous sommes donc répartis devant les scènes au gré de nos envies, nous retrouvant même parfois dans le même pit.

 

Alors qu’en 2017 je m’étais surtout concentré sur les concerts allant du matin au début de la nuit, cette année je me suis orienté vers une couverture plus avancée dans la journée, couvrant plus une plage horaire s’étalant de l’après-midi aux dernières de la nuit. Nordjevel est le premier groupe que je suis. Ce quintette de black métal – né en Norvège en 2015 – affiche d’emblée la couleur, n’hésitant pas à jouer sur les clichés associés à son courant musical : maquillages blancs ponctués de rouge, lentilles oculaires blanches et semi-opaques, pointes métalliques et autres accessoires idoines dignes d’un Mad Max boosté à la testostérone. Malheureusement, la sauce a un peu de mal à prendre, la prestation des musiciens étant entachée par une qualité de son plutôt médiocre, et par un manque de communication avec le public, même si les choses se sont nettement améliorées dans la seconde partie du concert… Bilan mitigé !

Cette mise en bouche terminée, je me rue ensuite vers les Main Stage (les deux scènes principales du festival) pour y couvrir Rose Tattoo. Et là, grosse claque : le célèbre groupe de hard rock australien formé en 1976 enflamme la scène, porté par la voix rocailleuse de son emblématique chanteur Angry Anderson, catalysé par un son de qualité qui met aussi l’accent sur les rythmiques, sans toutefois délaisser les guitares. Bref, un sans faute qui fait chaud au cœur et s’avère motivant pour le reste de la journée qui s’annonce chargée.

Remplaçant Origin initialement programmé, Voight Kampff, groupe breton de trash metal, s’est d’emblée attiré les faveurs du public qui manifesta son entrain en réalisant de nombreux circle pits pendant tout le concert. Côté musique, la bande originaire de Quimper assure : riffs appuyés, rythmiques précises, carrées, et voix puissante font de son show un franc succès. Un excellent moment !

Retour vers le Main Stage 1 afin de couvrir la prestation de Joan Jett & the Blackhearts. Menée d’une main de maître par Joan Jett qui, à l’aube de ses soixante ans, assure toujours autant sur scène, la formation enchaîne les reprises, réalisant ainsi un parcours sans faute, jouant même  l’universel « I love rock’n roll » vers la fin de son set. Une belle prestation ovationnée par un public conquis et heureux.

Vient ensuite Demolition Hammer qui se produit sur l’Altar. Et là, c’est du lourd, de la puissance à l’état pur ! Le quatuor nex-yorkais assure ! La symbiose avec le public est totale. Il est vrai que le groupe propulse une telle énergie sur scène qu’il est impossible de ne pas s’en imprégner. Ce fut une magnifique surprise, avec des musiciens visiblement heureux d’être là, communiquant beaucoup avec le public tout en faisant le jeu des photographes ! Un vrai bonheur !

Je me rends ensuite juste à côté, devant la scène Temple où joue le groupe norvégien de black métal industriel Mysticum. Installés en hauteur avec l’aide des techniciens, les trois musiciens ont visiblement privilégié la mise en scène au détriment de la musique, n’hésitant pas à jouer accompagnés du son d’une batterie visiblement enregistrée, le batteur brillant sur scène par son… absence. Bref, tout cela laisse un peu de marbre et le public ne s’y laisse pas tromper. Petite déception donc…

Retour à l’Altar, face à Carnivore A.D. qui nous assène un metal lourd, brutal et terriblement efficace. Le trio américain joue fort et bien, même si son concert, vers la fin, est un peu pollué par quelques larsens. Au final, j’en retiens un excellent moment passé en compagnie de ce groupe fort sympathique !

L’apothéose de cette première journée est atteinte avec le passage de Judas Priest, véritable légende vivante du heavy metal. Véhiculé par son iconique chanteur Rob Halford qui fait son entrée sur scène en moto, le groupe enchaîne les titres les plus connus tels que « The ripper », « Sinner », «Turbo lover », « Night come down » ou encore le sublime « Painkiller » sur lequel la performance vocale de Rob est époustouflante ! Rob est à mon sens l’une des plus belles « voix du métal », et l’un des derniers monstres sacrés du genre, notamment depuis la disparition en 2010 de Ronnie James Dio, autre chanteur hors pair.

Je termine ce premier opus par Therion qui se produit au Temple entre une et deux heures du matin, sur une scène inondée de lumières bleues ponctuées de nuances violettes. Théâtralisé à souhait, le show du groupe de metal symphonique suédois est réussi, malgré quelques morceaux assez soporifiques, sans doute parfaits pour clore cette première journée et pousser en musique les festivaliers encore présents dans les bras de Morphée.

 

Après une nuit de repos bien méritée, ou plutôt devrais-je écrire une matinée, m’étant couché aux alentours de 8 heures du matin, je me rends sur le site dans l’après-midi pour m’échauffer les « cages à miel » (merci Francis Zégut) devant l’Altar, sur laquelle se produit Memoriam. Bien plus qu’une mise en bouche, le concert de ce quatuor anglais, dont certains membres sont issus du défunt Bolt Thrower, est survolté avec des musiciens remontés à bloc ! En dignes vétérans du death metal,  ils galvanisent un public nombreux à coups de grands riffs puissants, enchaînant les morceaux sans aucun temps mort. Succès assuré, ainsi qu’en témoigne le sourire radieux affiché par le charismatique chanteur Karl Willetts. J’ai adoré !

Direction le Main Stage 2 pour découvrir Body Count : dès les premières notes, le public s’active, preuve qu’il est est très réceptif à la musique diablement efficace du groupe, mélangeant subtilement le metal, le hardcore et le rap, sublimé par la voix rocailleuse et grave de son chanteur Ice-T. Ce dernier parle beaucoup au public entre les morceaux, lui présentant même sa fille qu’il fait monter sur scène. Au final, je garde le souvenir d’une belle prestation malgré quelques petites longueurs.

Je me rue ensuite au Temple où joue Watain, formation suédoise de black metal, à grands renforts de mise en scène, de maquillages glauques à souhait, de choeurs grégoriens, de lumières « rouge sang » et autres effets pyrotechniques. L’ambiance placée, le chant guttural, presque meurtri d’Erik Danielsson et la musique rapide, rythmée et puissante finissent de convertir les derniers réfractaires présents dans le public, par ailleurs totalement possédé par la musique. Plus qu’un concert, c’est une véritable cérémonie qui nous est offerte : du grand black metal !

Plus tard, je couvre Nile, groupe américain de brutal death metal qui joue sur l’Altar, sous des lumières réduites au strict minimum (beaucoup de jeux d’ombres avec des sources placées en « contre »), tout comme le jeu de scène, comme pour mettre en avant la musique avant toute autre considération. Et force est d’admettre que de ce côté, les musiciens assurent avec un phrasé bien plus délicat que ne le laisserait supposer le son lourd et brutal auprès d’oreilles profanes.

Je clos cette deuxième journée en assistant au show de Dimmu Borgir au Temple, groupe norvégien de black metal symphonique qu’il est inutile de présenter depuis bien longtemps, celui-ci officiant depuis 1993. Un premier constat s’impose : malgré la petitesse de la scène, les musiciens ont vu les choses en grand, avec de très beaux jeux de lumière qui, s’ils compliquent la tâche du photographe, ont néanmoins le mérite de produire leur effet auprès du public important malgré l’heure déjà bien avancée dans la nuit. Mais les musiciens ne sont pas en reste, les différents titres étant joués avec une remarquable précision, notamment l’inévitable « Puritania », ô combien « cultissime » auprès des connaisseurs.

 

J’entame ma dernière journée du festival par la prestation d’Exhoder, groupe de trash et de groove metal qui n’était pas passé en France depuis très longtemps, et dont le son et les compositions affichent clairement leur similitude avec celles du défunt Pantera si cher aux metalleux des années 80 et 90. Très agité, le chanteur Kyle Thomas mène l’ensemble avec précision et passion. Un beau concert !

Je continue avec Batushka, groupe de black metal polonais qui ne fait pas dans la dentelle. Jugez plutôt : encensoir,s croix (renversées, comme il se doit), livres volumineux, pupitres et robes de culte coiffées de grandes capuches sont de sortie ! L’accent est mis sur le visuel, d’autant que tout est fait sans faute de goût malgré le côté volontairement « cliché ». En outre tous les musiciens ont le visage masqué, ce qui ajoute une touche de mystère à l’ensemble. La claque visuelle encaissée, vient ensuite le « bourre-pif » musical : voix caverneuses semblant émises par une horde de « trolls grégoriens », atmosphère lourde, pesante, auréolée de notes claires et distinctes distillées avec une lenteur religieuse, le tout dans une atmosphère enfumée et parfumée aux encens divers. Un concert marquant, qui brille par son originalité très… soignée.

Je poursuis mon pèlerinage musical avec Amorphis, formation finlandaise de metal et de de death metal mélodique active depuis 1990. Aucun souci : le groupe distille ses compositions avec une réelle maîtrise, sans anicroche, malgré ses multiples inspirations qui font alterner rythmes rapides et lents, ainsi que chants clairs et gutturaux et compliquent ainsi la tâche des musiciens. Excellent !

L’avant-dernier groupe que j’ai couvert mais non des moindres, est Iron Maiden. Que dire sur cette icône sacrée du heavy metal ? Je peux simplement préciser que pour les avoir vus sur scène à de nombreuses reprises, je me suis rapproché de la scène pratiquement trois heures avant le début de leur show, dans l’espoir d’être assez près de la scène pour prendre quelques images (l’accès au pit étant réservé à quelques rares privilégiés, et cela malgré mon accréditation photo). Peine perdue ! Impossible de me placer à moins de 150 mètres des crash barrières, raison pour laquelle vous ne verrez malheureusement aucune image de ce monstre sacré. Selon plusieurs sources, nous étions autour de 70 000 pèlerins devant cette seule scène, preuve que la « vierge de fer » bénéficie toujours d’une énorme aura auprès du public. Une attention toute méritée eu égard à la qualité de son spectacle : scène grandiose, surplombée d’une réplique d’un Spitfire, le célèbre avion de chasse britannique de la Deuxième Guerre Mondiale, décors sublimes, effets pyrotechniques via un Bruce Dickinson en pleine forme qui, quand il ne joue pas avec ses lances-flammes ou ne court pas d’un bout à l’autre de la scène, s’avère toujours prêt à s’adresser autant que possible en français à son public. Les titres, tous plus célèbres les uns que les autres, défilent pendant deux heures : « Aces High », Two minutes to midnight », « The trooper », « Revelations», « Fear of the dark », « Number of the beast », « Iron Maiden », « Hallowed be thy name » ou encore « Run to the hills ». C’est clairement LE concert de ce Hellfest millésimé 2018. Du grand, du très grand Iron Maiden !

Cerise sur le gâteau, je termine ce beau festival par Nightwish. Les finlandais, champions du metal symphonique, bien que n’ayant pas débuté leur set sous les meilleurs auspices du fait de  quelques soucis techniques, le prolonge heureusement fort bien, avec une Floor Jansen très en forme, bougeant beaucoup sur cette scène presque trop grande pour le reste du groupe, les décors étant réduits à leur plus simple expression, malgré la projection d’images sur écran géant. Un final digne de ce nom pour ce festival dont je ne me lasserai sans doute jamais… Vivement 2019 !

 

 

Pascal Druel

 

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