Renan Luce au Cirque Royal de Bruxelles, tendre et bouleversant !

A l’occasion de la sortie de son nouvel album éponyme, enregistré avec un orchestre symphonique, Renan Luce est de retour sur les routes après 5 ans d’absence pour entamer une tournée entouré de ses excellents musiciens et du Sinfonia Pop Orchestra. Il était de passage en Belgique, au Cirque Royal, ce samedi 14 décembre… Nous y étions aussi !

La première partie assurée par La Féline vient de se terminer. Peu à peu, les quinze musiciens s’installent et accordent leur instrument. Puis les premières notes résonnent. « Le vent fou » : c’est le titre que Renan Luce a choisi pour commencer son concert, une jolie métaphore pour évoquer sa rupture avec Lolita Séchan à qui il dédicace son dernier album « pour le vent fou qu’ils auront soufflé ensemble ». Cet album que Renan est venu nous présenter ce soir est sans aucun doute son album le plus grave, le plus personnel, le plus intime. Inspiré par sa rupture survenue en 2016 après 10 ans d’amour, il en parle avec tendresse et nostalgie dans son quatrième album. « Ma façon de faire du beau avec du sombre. » déclare-t-il. Puis il enchaine avec « Au début », le premier titre de son dernier opus qui lui aussi parle de séparation et qui n’est pas sans nous rappeler, par la voix et la mélodie, le « Jardin d’hiver” d’Henri Salvador.

Est-ce qu’on peut reprendre au début?
Reboire le vin que l’on avait bu?
Moi j’aimerais que l’on se rendorme
Dans un lit à mémoire de forme
Et que l’on se réveille pareil
Est-ce qu’on peut reprendre mine de rien?
Comme à la page cornée du bouquin
Qu’on avait refermée la veille
En luttant contre le sommeil
Est-ce que jusqu’au mot fin
On tient?

Renan Luce

Vous l’aurez compris, le thème de la séparation est omniprésent dans le dernier album qui nous est présenté ce soir. Notamment dans ce formidable titre intitulé « Berlin » où nous plongeons au cœur de l’histoire personnelle de l’artiste, celle de son couple (« bancale famille ») qui visite la capitale allemande avec leur fille et qui refuse de voir un mur se dresser entre eux. Il s’adresse ici directement à sa fille Héloïse :

Mais nous, c’est pas Berlin

Il n’y a rien qui nous sépare

Où que tu t’endormes le soir.

Nous c’est pas Berlin,

Ne vois pas un mur qui se dresse

Dans tes sommeils à deux adresses. »

Renan Luce

« On s’habitue à tout », chante-t-il en guise de rappel. A tout, sauf à l’amour qui s’en va… Mais bien que cet album soit né dans des moments difficiles, le concert n’est pas larmoyant pour autant, rassurez-vous ! On retrouve aussi la joie de la réconciliation dans « Dans de beaux draps », son enfance à la campagne dans « Enfants des champs » auquel fait écho le titre « Citadin » et puis l’espoir dans « A bientôt renouveau ».  Sans oublier bien sûr ses anciens tubes comme « La lettre », « Repenti », « Monsieur Marcel » ou encore « Les voisines », revisitée par l’orchestre façon swing. Et puis les enchainements entre les chansons sont drôles. Renan charrie les musiciens, s’amuse avec l’orchestre.

Justement, parlons-en de cet orchestre ! Le piano, la contrebasse, le hautbois, la flûte, la clarinette, les violons s’en donnent à cœur joie et viennent souligner les textes avec justesse en leur apportant gravité, profondeur et lyrisme. N’allez pas croire qu’il s’agit d’un orchestre classique! L’artiste breton réussit en effet à mélanger les styles et à nous faire voyager. Mention spéciale au morceau intitulé « Cette musique » qui est tout simplement splendide accompagné par l’orchestre.

Je revois Barcelone, sans y chercher ton ombre
Je croise les amis, qu’on avait en commun
Je prends de tes nouvelles, sans amertume sombre
Heureux d’apprendre que tu vas bien
J’cours plus sur le téléphone, ne guette plus le courrier
Je soutiens les regards, lorsque j’y vois tendresse
Les amours de passage, font de bons couturiers
Pour les cœurs mis en pièces

Mais joue pas cette musique
Tu sais bien l’effet qu’elle a sur moi
Joue pas cette musique
Trop de souvenirs, dans cet air-là
Faut croire que dans ces notes
Y a des lambeaux de nous
Que seul le temps grignote
Par petits bouts

Renan Luce

Le concert touche à sa fin. Standing-ovation. Renan Luce est ému…tout comme le public qui a eu la chance s’assister à ce moment intime, tendre, et bouleversant.

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