Top 10 des meilleurs albums rock psyché de 2017

A moins de deux mois de cette fin d’année 2017, on a décidé de dresser un bilan des meilleurs albums de rock psyché sortis ces dix derniers mois (en toute subjectivité, bien sûr). Preuve par dix que le psychédélisme n’appartient pas qu’au passé !

Comme établir un classement sur quel album est meilleur qu’un autre est un peu compliqué (parce qu’en fait, il faut les écouter tous), ces nouveaux disques seront classés par ordre chronologique.

 

1.Moon Duo – Occult Architectur vol.1 et 2 (3 février 2017 et 5 mai 2017)

 

On commence ce classement avec Moon duo. Quatre albums plus tard, le groupe originaire de San Francisco nous proposait cette année un projet hautement abouti composé de deux volumes : Occult Architectur vol.1 et 2, qui se veulent les représentations respectives du Ying et du Yang. Le groupe, composé du guitariste Ripley Johnson et de la claviériste Sanae Yamada, désirait que ce nouvel opus symbolise la dualité du jour à la nuit et des périodes cycliques des saisons. Et en effet, ces deux volumes se retrouvent complémentaires : Le volume 1 est associé à une certaine noirceur qui nous plonge en plein trip ésotérique tandis que le volume 2 est plus lumineux (bien que nous sommes toujours perdus au sein des fanges ténébreuses propres aux riffs planants de Johnson.) Au premier abord, le concept peut paraître un peu tiré par les cheveux mais le résultat n’en demeure pas moins intéressant car il permet de découvrir toutes les facettes de Moon Duo. Dès les premières minutes de l’album, on retrouve ainsi les rythmes languissants mais puissants qui font leur réputation avec la bien-nommée chanson The Death Set à laquelle répond la solaire « nouvelle aube » (New Dawn) du volume 2. En somme, un double opus dans la lignée de ce qu’ils nous avaient déjà proposé et qui reste convaincant.

 

2. King Gizzard & the Lizard Wizard – Flying Microtonal Banana (24 février 2017)

 

Les très productifs King Gizzard & the Lizard Wizard faisaient un retour fracassant cette année avec non pas un mais trois nouveaux disques ! Le groupe australien formé en 2011 affirme ainsi sa créativité et ne cesse de prendre des risques. A ce propos, ils ont prévu de sortir cinq albums en 2017, on attend donc avec impatience les deux autres pour clôturer joliment cette années. Et malgré cette profusion de disques, la qualité n’en reste pas moins présente. Le premier de cette myriade d’albums que nous allons vous présenter s’intitule très sobrement Flying Microtonal Banana. Pour cet opus, les Australiens n’ont pas fait les choses à moitié et ont voulu miser sur un côté plus expérimental. Lors de la promotion de Flying Microtonal Banana, le groupe a effectivement expliqué vouloir utiliser des instruments accordés de façon microtonale. De manière moins technique, ce serait jouer avec des notes plus petites d’un demi-ton. Concept particulier dont on n’a pas vraiment entendu les effets mais qui était à souligner tout de même. Concernant l’album, la première chanson, Rattlesnack, donne d’emblée le ton qui sera résolument psyché voire délirant. En effet, à travers cet album, King Gizzard & the Lizard Wizard nous invite en plein trip halluciné (avec l’incroyable Open Water par exemple), ce qui n’est pas pour nous déplaire car c’est exactement ce que l’on attendait de leur part. Le gros plus de cet album ? L’utilisation d’un instrument traditionnel turc : la zurna qui confère aux chansons des accents orientaux du meilleur effet (mention spéciale au magique Billabong Valley.)

 

3. Temples – Volcano (3 mars 2017)

 

A présent, on va passer aux Anglais de Temples. Avec leur allure très sixties, on pourrait croire à un énième groupe qui tente de copier les précurseurs du genre mais il n’en est rien de cela ! Temples nous propose des chansons – certes aux accents vintage – mais bien ancrées dans notre époque, comme en témoigne Certainty, par lequel débute leur deuxième opus, Volcano. Ils nous avaient conquis avec leur premier album, Sun Structures, sorti en 2013 et c’est donc avec beaucoup d’impatience qu’on attendait Volcano. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on n’a pas été déçus ! Produit par le chanteur du groupe, James Bagshaw, ce nouveau disque répond à toutes nos attentes : psyché ce qu’il faut avec des mélodies enjouées (que l’on retrouve par exemple sur l’excellent (I want to be your) Mirror) et quelques riffs de guitare qui ont pu faire le bonheur des amateurs de psyché cet été, sur la route des festivals. Après plusieurs dates sold-out cette année à Paris, Temples ont réussi à montrer qu’ils n’avaient rien à envier à Tame Impala, groupe auquel ils sont souvent (injustement ?) comparés. On leur prédit donc un joli avenir dans lequel nous serons forcément présents !

(Et si vous ne deviez écouter qu’une seule chanson de Volcano, on vous conseillerait Strange or Be Forgotten, qui nous rappelle, à l’aide de leur maîtrise parfaite de synthés, pourquoi on les adore.)

 

 

4. The Black Angels – Death Song (21 avril 2017)

 

The Black Angels ! Faut-il encore les présenter ? Les Texans revenaient cette année avec un cinquième album, Death Song, dont le clin d’œil à la chanson The Black Angel’s Death Song du Velvet Underground est évident. Ce nouveau disque prend une dimension plus sombre, plus ténébreuse (peut-être est-il un peu moins psyché) que leur précédent album, comme on peut le remarquer avec le premier extrait paru, Currency. Ecrit pendant les élections américaines et clairement inspiré par l’atmosphère malsaine qui en résultait, la bande d’Alex Maas profite de cet album pour montrer leur déception, que ce soit à travers Currency, qui déplore le système monétaire ou le mélancolique half-believing. Les Black Angels n’ont donc jamais si bien porté leur nom ! Le reste de l’album est tout aussi concluant, entre les puissantes envolées psychédéliques présentes sur Cornanche moon, le perturbant I’d kill for her, l’énervé I dreamt ou le très prenant Medicine. Malgré ce pessimisme ambiant qui reflète le contexte international d’aujourd’hui, ce nouvel opus nous réserve pas mal de pépites. Autant pour sa pochette aux accents kaléidoscopiques que pour ces mélodies entêtantes, Death Song est un disque qui doit absolument rejoindre votre collection de vinyles, si ce n’est pas déjà fait.

 

 

 

5. The Cosmic Dead – Psych is dead (28 avril 2017)

 

On enchaîne avec un groupe beaucoup moins connu, The Cosmic Dead qui, pourtant, mérite leur place sur la nouvelle scène expérimentale psychédélique. Ces Anglais envoient vraiment du très lourd et si vous ne les connaissez pas encore, on vous conseille vivement de les écouter ! Beaucoup moins pop que les groupes qu’on a pu vous présenter jusqu’à maintenant, The Cosmic Dead jettent un voile spectral sur le rock psyché. Leur nouvel album Psych is dead est dans ce sens une véritable petite perle (oui, oui, rien que ça) qui nous prouve que non, Psych is – definitively not – dead ! On comprend tout de même la référence à la mort : on ne peut nier le côté sombre, inquiétant qui se rattache à cet album et qui en fait toute sa saveur. Si vous cherchez à écouter un album truffé de chansons entêtantes et mélodieuses, passez votre chemin car ce n’est pas du tout au programme de Psych is dead ! Ce disque, d’une durée de 46 minutes, est composé de seulement trois chansons : Nuraghe, Psych is dead et le final grandiloquent, obnubilant (et très surprenant, on ne vous en dit pas plus !) #FW d’une durée respective de 22, 8 et 16 minutes. Fermez les yeux et laissez ces Anglais vous transporter dans un voyage onirique, hypnotisant mais surtout, chaotique … Je n’aime pas faire des comparaisons mais si vous appréciez l’agressivité d’A Place to Bury Strangers, il y a fort à parier que vous apprécierez l’univers post-apocalyptique des Cosmic Dead.

 

6. Pond – The Weather (5 mai 2017)

 

Le 5 mai a donc été une date plutôt importante cette année (avec la sortie simultanée de The Weather et le volume 2 de Moon Duo, dont on a parlé au début de ce classement) ! Faire un classement des 10 meilleurs albums psychés de cette année sans parler de Pond paraît un peu inconcevable. Après que Tame Impala ait enchaîné pendant près d’un an les dates à guichet fermé partout dans le monde, s’il y avait bien un retour qu’on attendait, c’était celui de Pond ! On vous rappelle que le groupe est formé autour du guitariste Jay Watson (donc membre de Tame Impala et de Gum, par la même occasion) et que leurs albums sont produits par Kevin Parker himself, c’est-à-dire que du joli monde. Que ce soit avec le royal Edge of the World ou avec les synthés aux accents futuristes de Paint my silver, vous allez forcément être transportés au cours de ces 39 minutes dans le monde délirant et halluciné de Pond. C’était déjà le cas avec leur précédent disque, Man it feels like Space again (sorti en 2015), qui nous proposait un joli voyage à travers leur version fantasmagorique de l’espace. Preuve (s’il en faut vraiment) que Pond parvient parfaitement à s’émanciper de Tame Impala et nous emmener dans un monde bien particulier qui est le leur. (D’ailleurs, on vous conseille de jeter un coup d’œil à leurs clips qui intensifient encore plus l’impression de partir à la découverte de contrées dont eux seuls parviennent à créer.)

 

 

7. Ulrika Spacek – Modern English Decoration (2 juin 2017)

 

Après la folie de Pond, on revient à du plus léger – mais non moins percutant – avec Ulrika Spacek, qui eux aussi, nous semblent bien trop peu connus, malgré leur présence cette année à Rock en Seine. Les jeunes Londoniens fidèles à leur simplicité (du véritable DIY du début à la fin : ils composent et enregistrent eux-mêmes leurs albums dans l’appartement qu’ils partagent ensemble) signent leur deuxième album, Modern English Decoration, et vous promettent de passer un joli moment en mélangeant avec brio rock psychédélique et shoegaze. Bien qu’ils restent dans la lignée de leur premier album, The Album Paranoia, – nous rappelant Toy, au passage – le groupe nous propose des chansons peut-être plus abouties, marquant leur belle progression. La première chanson Mimi Pretend, avec son introduction instrumentale, nous donnera le ton de l’album, entre guitares saturées efficaces et la voix douce du chanteur du groupe, Rhys Edwards. Les premières chansons de ce nouvel opus proposent un style lent mais hypnotique et captivant. Toutefois, on remarque peu à peu une progression qui s’intensifie au fil des chansons. Ainsi, les passages instrumentaux qui traversent Everything, All the Time raviront les oreilles de plus d’un ! Il en est de même pour Victorian Acid où les susurrements d’Edwards s’accordent parfaitement à la puissance des instruments. En bref, un album cohérent dans son ensemble comme on les aime d’un groupe à qui on prédit un bel avenir (bien qu’on aimerait qu’ils soient un petit peu plus connus.) Si vous ne les avez jamais vus sur scène, on vous conseille d’y aller car vous ne serez pas déçus ! Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, ils reviennent nous rendre visite le mois prochain (20 novembre) au Point Ephémère ! On vous y espère nombreux !

 

8. The Murlocs – Old Locomotive (16 juin 2017)

 

The Murlocs, avec ce nouvel album, nous promettait un été joyeux, ensoleillé sous le soleil australien avec des titres aux accents vintage. Comme Allah-Las ou Mystic Braves, la musique que nous présentent the Murlocs n’est pas sans nous rappeler la pop sixties (avec Shit Storm ou Far From Fine par exemple) qu’ils semblent affectionner (et que nous aussi, on aime). Fondé en 2011, il s’agit du troisième disque du groupe, nous montrant que la scène psychédélique australienne est en pleine expansion ces dernières années pour notre plus grand bonheur (Tame Impala, Pond, Jagwar Ma, Vacations, Gum, King Gizzard, pour ne citer qu’eux…) Même s’il ne nous révèle rien de vraiment neuf et qu’il se place dans la continuité de ce qu’ils nous avaient déjà proposé, Old Locomotive reste tout de même un album concluant. Cet opus s’écoute d’une traite avec des titres formant un ensemble harmonieux qui nous donnent envie de monter avec eux dans leur vieille locomotive des sixties à la découverte de paysages déserts, un peu à la Jack Kerouac. L’album débute en effet de manière assez surprenante car il reprend le signal sonore des vieux trains arrivant en gare. La métaphore du voyage est ainsi renforcée et c’est avec plaisir qu’on fait ce retour dans le temps de cinquante minutes à leurs côtés, bercés par la voix singulière d’Ambrose Kenny-Smith. On range les Murlocs dans la catégorie de groupes, qui, même s’ils ne nous emmènent pas dans des longs trips bien perchés à la Acid Mothers Temple, font un rock psyché qui nous renvoie des décennies en arrière et qui sent bon les vacances et l’insouciance.

 

9. Oh Sees – Orc (25 août 2017)

 

On finissait l’été avec le nouvel album, Orc, de Thee Oh Sees, qui, une fois n’est pas coutume, ont changé de nom, et s’appellent à présent Oh Sees. On n’est pas vraiment surpris de la sortie de ce nouvel opus étant donné que les infatigables Oh Sees (donc) sortent un peu près un disque par an. Leur productivité paraît des plus impressionnantes et on s’étonne que la bande de John Dwyer parvient toujours à nous surprendre et à se réinventer après toutes ces années (on dénombre un à plusieurs albums tous les ans depuis 2003, tout de même !) Malgré tout, la qualité et l’inspiration sont toujours au rendez-vous comme nous le prouve Orc. On retrouve ainsi tout ce qu’on aime sur cet album, que ce soit des longues ballades oniriques comme sur les planants Keys on the castles ou Cadaver Dog, des sons un peu plus surprenants comme Paranoise (on ne vous en dit pas plus !), des introductions instrumentales puissantes (Drowned Beast avec une intro magistrale de plusieurs minutes), des notes délirantes et des grosses caisses déchaînées (on pense à Jettison qui ouvre ce nouveau disque et Raw Optics, qui le clôture, bouclant ainsi la boucle.). Si vous n’êtes toujours pas convaincu, voici un autre argument de poids qui prouve la réussite de cet album : des collaborations de marque avec des artistes tels que Ty Segall ou Brigid Dawson (qui était déjà intervenue sur de précédents albums du groupe).

 

10. New Candys – Bleeding Magenta (6 octobre 2017)

 

Sorti il y a à peine deux semaines, Bleeding Magenta est sans aucun doute un disque à posséder. Le groupe à l’origine de cette petite pépite se nomme New Candys. Il s’agit du troisième album des Italiens, adeptes du sitar. Le premier extrait de ce nouvel album qui a été dévoilé en septembre, Excess, nous laissait déjà deviner qu’on n’allait pas être déçus bien qu’on semblait s’éloigner des sonorités hypnotiques de leur premier album. Cependant, on adhérait à ce changement, plus sombre, plus noisy. Maintenant que l’album est sorti, nous pouvons affirmer que les sons captivants voire envoûtants qui ont créés leur marque sont toujours très présents, comme c’est le cas sur Sermon, réel bijou ésotérique dans lequel se mélange la jolie voix de Julia Hummer, probablement le coup de cœur de cet opus. Le transport est également assuré avec des morceaux tels que la chanson au titre éponyme de l’album ou encore la mini-suite composée par The Outrageous Wedding Parts 1, 2 et 3, dans laquelle les deux premières parties sont rythmées par des guitares et une puissante batterie tandis que la partie 3 se veut plus douce. Seul petit regret ? On aurait aimé une plus grande présence du sitar sur le disque (même s’il signe son grand retour dans cet opus car il n’était pas présent dans leur deuxième album). Ce qui est certain, c’est qu’on espère que les Italiens nous feront l’honneur de revenir rapidement dans notre capitale !

 

On espère qu’avec ce petit classement, on vous aura permis de découvrir des artistes que vous ne connaissiez peut-être pas et qui méritent qu’on leur prête un peu plus d’attention. En vrac, cette année, on a également eu droit aux nouveaux de The Flaming Lips (Oczy Mlody), Ty Segall (Ty Segall), All Them Witches (Sleeping through the war), Sonic Jesus (Grace) les deux autres de King Gizzard & the Lizard Wizard (Murder of the universe et Skteches of Brunswick East), L.A Witch (Suicide Squeeze), Foxygen (Hang), Acid Baby Jesus (Lilac Days), The Brian Jonestown Massacre (Don’t get lost), … et on en oublie certainement plein d’autres !

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