Quelques jours aprĂšs avoir publiĂ© lâalbum « Le Manifeste l’oiseau libertĂ© & PrĂ©lude acte II » Damien Saez a investi le Bataclan pour trois jours. Trois concerts acoustiques pendant lesquels il a interprĂ©tĂ© ses nouveaux titres, mais pas seulement, dans une ambiance Ă©mouvante.
Jeudi 22 dĂ©cembre, Damien Saez donnait le deuxiĂšme de ses trois concerts au Bataclan. Trois petites dates trĂšs rapidement complĂštes et pour lesquelles aucun ticket nâavait Ă©tĂ© donné : chaque spectateur devait venir en personne se faire poser un bracelet le soir mĂȘme de la reprĂ©sentation. Une technique trĂšs efficace pour lutter contre le marchĂ© noir.
Les « manifestants », bracelet jaune au poignet pouvaient alors pĂ©nĂ©trer dans un Bataclan refait Ă neuf suite aux attentats du 13 novembre 2015. Les couloirs pour accĂ©der au balcon, Ă lâĂ©tage, sentent encore la peinture fraĂźche. Lâambiance est chaleureuse, le public attend impatiemment lâarrivĂ©e de son poĂšte, lâappelant Ă coups de joyeux « Marguerite Ă poil ».
20h48, la lumiĂšre sâĂ©teint. Damien Saez arrive tranquillement sur la scĂšne du Bataclan oĂč il sâassied sur une chaise au centre, attrape sa guitare sĂšche, tout en prenant son temps, et entame son spectacle par « Les enfants paradis », lâun des deux titres quâil a Ă©crit en hommage aux victimes du Bataclan. LâĂ©motion est prĂ©sente dans sa voix, le silence rĂšgne dans la salle aux fauteuils rouges oĂč son public lâĂ©coute religieusement. TrĂšs faiblement Ă©clairĂ©, on le distingue Ă peine depuis lâĂ©tage.
Lâheure est Ă la sobriĂ©tĂ©, Ă lâintimiste. Il nây a jamais de chichis ou de superflus dans les reprĂ©sentations de Damien Saez.
Pour cette sĂ©rie de concerts acoustiques â avant une tournĂ©e rock au printemps prochain qui passera notamment par le ZĂ©nith de Paris â Damien Saez fait la part belle aux titres mĂ©lancoliques, aux ballades, principalement tirĂ©es de ses albums « Le Manifeste l’oiseau libertĂ© & PrĂ©lude acte II », « Debbie », « Messina » et « Varsovie ». Il semble choisir les chansons quâil interprĂšte au grĂ© de ses envies, feuilletant son classeur de partitions Ă lâenvi.
Plusieurs chansons, notamment extraites du « Manifeste » Ă©voquent les attentats. Damien Saez chante et crie son spleen dans son micro, plus ou moins Ă©clairĂ© selon les moments. DerriĂšre lui, se dessine un somptueux piano Ă queue qui servira pour sa reprise dâAve Maria, lui au micro, une pianiste Ă lâinstrument. Une version trĂšs personnelle oĂč les vocalises ont remplacĂ©es les paroles.
TrĂšs libres dans la forme, les concerts de Damien Saez ne ressemblent Ă aucun autre. Lâartiste fume sur scĂšne et des spectateurs lâimiteront. Il prend son temps, nâhĂ©sitant pas Ă sâadresser Ă son public â de maniĂšre plus ou moins longue â entre les titres et Ă multiplier les pauses. Câest pour cela que les deux premiĂšres reprĂ©sentations ont durĂ© plus de trois heures. Dans son discours, altermondialiste, il nâĂ©pargne pas Twitter et Facebook notamment.
TrÚs rapidement vient « Le dernier disque » une trÚs belle chanson issue de son tout dernier album. Un projeteur dirigé vers la salle nous aveugle. Lui semble baigné par la lueur de ce phare.
Le public nâhĂ©site pas Ă lui faire plusieurs longues standing ovation. Pourtant, la salle est plutĂŽt silencieuse et la moindre quinte de toux se perçoit.
Lâaudience se lĂšve, chante, et bat en rythme lors de chansons fortes et plus rythmĂ©es comme « Jeunesse lĂšve-toi » ou « Messine », aprĂšs laquelle il enchaĂźne avec « Marguerite », oĂč lâambiance sera Ă son apogĂ©e.
Il tente mĂȘme une version acoustique de « Jâaccuse », titre pourtant trĂšs rock. Lâair de rien, Damien Saez sait pourtant parfaitement comment enchaĂźner de maniĂšre logique ses titres. Ainsi, aprĂšs une ambiance survoltĂ©e pendant « Marguerite », il choisit de passer Ă des titres bien plus tristes comme « Que tout est noir », « Tango » et « Je cherche encore ».
Damien Saez semble heureux dâĂȘtre lĂ , de retrouver son public. Peu avant la fin, il le gratifie dâun « ça fait du bien de vous voir » puis  dâun « merci infiniment dâĂȘtre lĂ , de ne pas lĂącher, moi je ne lĂącherai pas » avant de conclure la soirĂ©e par « ChĂątillon sur Seine ».