On ne cache plus notre admiration pour Ben Mazué et ses spectacles toujours finement ciselés.
Ce samedi soir, la scène Pierre Rapsat des Francofolies de Spa a vibré au rythme de ses mots. Déjà présent en 2012 dans une relative confidentialité, Ben Mazué remplit aujourd’hui la plaine de la grande scène, acclamé par un public conquis. Dès les premières notes et ce refrain lancé avec élan — « Attends-moi le monde / J’arrive, j’arrive, j’arrive… » — on sent que chaque étape de son parcours a compté. Et qu’il est profondément heureux d’être là.
Le décor, à l’esprit « jungle », rappelle l’univers de son album Paradis. Grâce à la magie de la technologie, Ben Mazué partage la scène à distance avec Pomme sur J’attends, avec Yoa sur Rupture — absente du festival après la polémique autour d’Amir — et avec Grand Corps Malade et Gaël Faye sur Tailler la route, magnifiée par un solo de trompette de Guillaume Poncelet.

Mais ce qu’on aime chez Ben Mazué, c’est qu’il ne se contente pas de chanter. Il se raconte. Ses albums La Femme idéale, Paradis et Famille forment un tout cohérent, une sorte de journal intime musical où l’artiste explore ses blessures, ses élans, sa parentalité, sa quête d’équilibre. Des récits profondément personnels, mais dans lesquels chacun peut retrouver un écho de sa propre vie.
Sur scène, Ben Mazué ne triche pas. Il vit ses textes, les incarne, les livre avec une force tranquille, bouleversante. Chaque mot est pesé, chaque silence chargé de sens. Il s’appuie sur un groupe soudé et complice, avec notamment la présence fidèle de Guillaume Poncelet, Robin Notte et Clément Simounet.
Pour cette version festival, il s’est entouré du quatuor vocal belge Just Vox, découvert en 2024 dans La France a un incroyable talent. Leur présence est une force supplémentaire : richesse harmonique et chorégraphies légères créent une dynamique nouvelle, toujours fluide. Une alliance parfaitement maîtrisée, qui apporte au concert une dimension chorale étonnamment moderne.
Ce passage en festival permet aussi de découvrir des titres encore inédits sur scène. Parmi eux, Le cœur nous anime, magnifiquement porté par Just Vox, ou encore Pour en arriver là, récit touchant d’un couple traversant le temps : « Et les années passent, les années passent, et nous on reste en place ». En fond de scène, un bouquet de fleurs resplendissant se fane lentement au fil du morceau — une image forte, juste, marquante.
Autre moment fort : l’apparition de Jérémy Frérot pour un duo complice sur Gaffe aux autres, juste avant sa propre performance sur la scène Proximus.
Ce qui touche aussi, c’est le parcours de Ben Mazué. Un chemin lent, patient, loin des projecteurs et des plans promo à outrance. Peu présent en radio ou à la télévision, il a conquis son public par la scène, par le bouche-à-oreille. Ceux qui l’aiment le connaissent vraiment.
Sur scène, il cite une phrase de Brel qu’il aime répéter comme un mantra : « Le pouvoir de se tromper, c’est la meilleure définition de la liberté. » Une phrase qui, à l’image de son œuvre — fragile et puissante à la fois —, résonne comme un manifeste. Celui d’une liberté vécue, revendiquée, partagée.
Et c’est peut-être là, au fond, que réside la force de Ben Mazué : dans sa vérité.
Ceux qui l’auraient manqué pourront se rattraper dès la rentrée, avec deux dates en salle : au Cirque Royal le 10 octobre et à Forest National le 14 mars. Ne ratez pas l’opportunité : Ben Mazué en salle, c’est encore une autre dimension. Intime, puissant, inoubliable.