Louisadonna dénonce ses maux dans “Punchline” (Interview)

Jeune artiste de 27 ans, également psychologue et activiste féministe, Louisadonna présente son second EP intitulé Punchline. Un projet pop dans lequel elle dénonce en rythme, éduque en rimes et retourne les stéréotypes en chanson. La chanteuse fait vibrer nos corps avec sa pop colorée et s’invite dans nos esprits avec ses mots percutants.

A l’occasion de la sortie de l’EP, Concert Mag a rencontré Louisadonna à Paris.

La pochette de “Punchline”, le nouvel EP de Louisadonna. Photo : Joanna Doukov.

Concert Mag : Tu es la fille d’un père saxophoniste de jazz amateur. Comment est née ta passion pour la musique ? 
Louisadonna : J’ai grandi dans une famille de mélomanes. J’ai découvert la pop à mon adolescence. Mes parents n’écoutaient pas du tout de pop. Ils étaient plus du jazz, de la musique classique, de la chanson française ancienne du type Brassens etc. J’ai aussi fait du violon pendant huit ans, de mes 6 ans à mes 15 ans. Ensuite, j’ai fait de la guitare en autodidacte. Je tournais pas mal lorsque j’étais au lycée. C’est là que j’ai été repérée par une salle qui s’appelle Le Brise Glace à Annecy, ensuite, je suis arrivée à Paris.

Depuis toute petite, j’ai toujours composé. Comme mes parents écoutaient de la musique tout le temps, je me suis mis à écrire des poèmes et des chansons nulles. Des trucs comme ça ! Quand j’ai eu 18 ans, mes parents m’avaient offert un ordinateur pour mes études. Et je me suis mis à faire de la MAO.

Tu es également une jeune féministe et militante. Comment est née cette prise de conscience pour les violences sexuelles ? 

Cela vient notamment de ma famille car j’ai grandi avec trois grands frères. Il y avait une omniprésence de la masculinité au sein de ma famille. J’étais la seule fille avec ma mère. J’avais des amies qui étaient victimes de violences sexuelles. Elles venaient m’en parler. J’ai été confrontée très tôt au sujet des violences. Mais ne sachant pas trop quoi en faire, j’ai décidé de devenir psychologue. J’avais envie d’aider les personnes qui ont vécu des traumatismes comme ceux-là. Quand on est psychologue pour les victimes, on réalise que la justice est sexiste, raciste, LGBTphobe etc…

Tu sors un nouvel EP intitulé Punchline. Pourquoi ce titre ? 

A la base, c’est un titre que j’ai écrit avec ma communauté. Je fais des mini compos dans lesquelles je demande aux gens ce dont ils ont envie que je parle. L’idée, c’était d’écrire une chanson qui reprend les punchlines qu’on a lors des manifestations. Sur les pancartes lors des manifs on voit souvent des choses drôles et percutantes. Dans ma musique, j’essaie toujours d’avoir quelque chose de percutant. On entend des choses qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans la bouche d’une femme et qui ont pour objectif de rester dans la tête des gens avec des mélodies assez pop et mainstreams.

Parallèlement à ta carrière de chanteuse, tu es aussi psychologue au sein de l’association FIT qui fait de la prise en charge et de l’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violence entre 15 et 21 ans à Bagnolet. As-tu reçu des témoignages qui t’ont inspirées pour l’écriture des chansons ? 


Pour cet EP, pas tellement. C’est plus un EP dans lequel je dénonce des choses mais plus inspirées de mon vécu. C’est des choses plus personnelles que dans mon dernier EP Fatigue où il y avait plus un parti-pris social de dénonciation. Le titre “T’es mignon” est purement inspiré de mon vécu à moi. C’est ma manière de dire que, quand t’es une meuf, tu peux très bien séduire un mec sans avoir de sentiment amoureux.  “Vrai bonhomme” est aussi un titre de dénonciation. Je revendique le fait d’être une artiste femme et quand on est une femme, ce n’est pas pareil que lorsqu’on est un homme. Je pense malgré tout qu’il y aura plus de femmes à qui on donnera la parole sur des sujets qui ne sont pas que les déboires amoureux etc. Je m’aperçois d’ailleurs qu’il y a très peu de chansons qui parlent de viols alors qu’il y a énormément de femmes qui ont vécu ce phénomène. Je pense qu’elles n’ont pas envie d’en parler parce qu’elles estiment que la musique doit rester un endroit fun. Mais moi je considère que la musique est aussi l’occasion d’exprimer son vécu de façon générale et de dépeindre la société comme on l’aperçoit.

Si tu devais choisir entre la musique et la psycho, que dirais-tu ? 

Trop dur ! J’aime trop mon travail de psy et il me nourrit intellectuellement et énormément. J’adore mes patientes, j’adore les prendre en charge, rester au contact de gens pendant longtemps et voir leurs évolutions. Pour moi la musique, c’est un endroit d’évacuation de toutes les merdes à moi ! (Rires). Mais c’est trop dur de choisir parce que j’adore les deux. C’est vrai que dans la musique, il y a ce côté léger et simple parce que j’ai moins de responsabilités que dans mon métier de psychologue. 

Est-ce qu’il arrive parfois qu’on te compare un peu à la chanteuse Angèle ? 

Oui ça m’arrive. J’aime beaucoup Angèle. Elle a pris beaucoup de risques avec son titre “Balance Ton Quoi”. C’était un acte de courage de sa part d’aller foutre les deux pieds dans le plat pour parler des sujets de viols et j’en suis très admirative. J’estime être différente d’elle dans le fait que j’essaie d’aller un peu plus loin dans ce que j’essaie de dénoncer et la façon dont je perçois la réalité. 

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