Vox Pompidou : “Le rock est une énergie”

Vendredi 2 décembre. Une heure avant le début de leur set (lire l’article sur le concert), on retrouve les quatre Montpelliérains de Vox Pompidou au premier étage du Bus Palladium, dans le fumoir. Un lieu totalement incongru avec des sièges de cinoche, un jukebox et une borne de retrogaming – l’endroit parfait pour parler hédonisme, navet cinématographique, Francis Lalanne… et musique, un peu.

Note au lecteur : le groupe a enclenché la roue libre à la fin de l’interview. Pour notre plus grand plaisir.

C’est la première fois que vous jouez au Bus, j’imagine qu’il y a une excitation particulière ?

Vincent Ferraris (guitare) : C’est un énorme plaisir et il y a un peu de fierté aussi. C’est un lieu mythique, il y a des grands noms qui sont passés ici. Et le plateau sonne carrément rock, la balance a été expédiée, tout a été nickel.

Mélodie Pastor (voix, clavier) : On a pas l’habitude d’ailleurs.

VF : C’est vrai qu’en général il y a quelques petites galères. Mais là on sent une âme, un esprit et c’est ça qui est excitant. A chaque concert on se dit : « Allez, il faut y aller, c’est parti ». Mais là, il y a un supplément d’âme qui fait qu’il y a un côté extraordinaire.

MP : Même si on là pour s’amuser avant tout.

Si vous deviez résumer votre parcours depuis Montpellier jusqu’ici ?

Samuel Devauchelle (batterie) : 3 heures 32 en train (rires).

VF : Disons que c’est l’aboutissement de deux mois de concerts très formateurs. On tourne en ce moment avec un groupe qui s’appelle la Piéta et, ce soir, c’est la dernière date de l’année. C’est le résultat de toutes les répétitions et de toutes les résidences qu’on a faites, par exemple à Perpignan, au Médiator.

SD : C’est l’aboutissement de toute l’expérience qu’on a pu acquérir dans quelque domaine que ce soit, en jouant notamment dans des petites salles. Ça a fait grandir le groupe très rapidement.

Y a-t-il des artistes ou des groupes dont vous vous réclamez plus que d’autres ?

VF : On aime beaucoup le climat des années soixante-dix, mais on n’a pas envie d’avoir une étiquette collée. Si on prend le nom du groupe, Vox Pompidou, il a un côté sonnant et plutôt sexy qui permet d’avoir le côté brut du « Vox » et le côté un peu plus sensuel du « Pompidou » que peut apporter Mélodie sur scène.

On retrouve d’ailleurs sur votre album une sorte d’éclectisme entre des morceaux profondément rock et d’autres, comme « Spaces », très planants.

VF : On partage tous le même plaisir de ne pas vouloir écouter la même chose, ce qui nécessite des dynamiques et des climats différents. On a tout de même cherché à ce qu’il y ait une cohérence, mais on a aussi fait cet album de manière intuitive et live pour que ça sonne vraiment.

MP : Les morceaux instrumentaux, comme « Spaces » et « Moon Rings », viennent sans doute inconsciemment de notre plaisir partagé d’écouter de temps en temps de la musique classique.

SD : Quoi qu’on fasse, on revendique une certaine fraicheur et on le fait, en tout cas, pour l’amour du climat.

Mélodie, c’est principalement toi qui écris les textes. Où trouves-tu ton inspiration ?

MP : Un peu partout et surtout quand j’ai des idées à la con. Mais jamais sur l’amour ni la politique. Disons sur la vie de tous les jours.

En lisant les paroles de « End of their world » on soupçonne un peu de poésie, voire de philosophie.

MP : Peut-être mais à la base j’aime bien raconter des histoires. Dans cette chanson je pars d’un truc fictif : c’est vraiment la fin du monde et je décide de le prendre avec humour. Le clip peut faire penser à une critique de la société de consommation et ce genre de choses, mais chacun se fait sa propre idée. Moi c’était plutôt le côté léger, une histoire à raconter, un univers, c’est aussi simple que ça.

Que pensez-vous de la musique rock aujourd’hui : a-t-elle et peut-elle se renouveler ?

VF : Ça revient à se demander ce qu’est le rock. On ne définit pas le rock musicalement, comme c’était le cas auparavant, mais plutôt comme une énergie ; une énergie qu’on retrouve dans l’électro, dans la chanson, dans le hip hop. A mon avis, le côté revival du rock se trouve dans la transversalité de l’énergie à travers tous ces registres.

Vous avez pensé à toucher à l’électro ?

MP : Non, pas vraiment. On a trouvé notre line-up et, surtout, on préfère le rock à l’état brut, sans rajout.

VF : Jean-Charles Gorceix, notre ingé son, s’essaie très adroitement au remix de nos morceaux. Il y a un côté électro-dancefloor qui est assez kiffant. Peut-être qu’on pourrait développer ce côté remix, on n’y a jamais vraiment pensé, mais on ne s’interdit rien.

SD : D’autant plus que ça peut être une source d’inspiration, il faut juste que ça nous plaise et que l’on s’y retrouve.

La scène musicale est sympa à Montpellier ?

Mike Pobo (basse) : Oui complètement, il y a d’excellents groupes à découvrir à Montpellier. C’est le moment de faire de la pub pour la ville c’est ça ? Il y a les copains de GruGrü qui font une espèce de punk jazz funk instrumental. On parlait de musique classique tout à l’heure, on est un peu dans ce délire.

VF : Il y a aussi la Piéta. C’est un groupe sur lequel il va falloir compter très bientôt. Mais Montpellier c’est aussi une scène noise, avec une salle, le Black Sheep, qui programme des groupes internationaux, et s’est forgée cette réputation de lieu ouvert et très pointu musicalement. Après ce n’est pas comme Paris ou la Bretagne, la scène rock and roll n’est pas très présente. Montpellier c’est surtout le soleil, l’électro et les boites de nuit. La caricature n’est pas dénuée de réalité.

Mélodie, l’expérience de The Voice t’a-t-elle apporté un peu de notoriété ? À toi ou au groupe d’ailleurs ?

MP : On m’a proposé des trucs à la suite de l’émission, mais qui ne me correspondent pas du tout. Et il faut faire attention avec ce type de télé-crochets, parce que certaines salles de concert peuvent refuser de te programmer si tu les mentionnes. La notoriété c’est dans la rue, et encore. Sinon pour le groupe, on ne s’en est pas servi ; on aime bien le « do it yourself ». C’était une bonne expérience mais ça ne correspond pas à la philosophie de Vox.

SD : C’est quand même un monde à part la télévision. Evidemment, c’est bien d’essayer de faire « vases communicants » le plus possible, mais c’est vraiment une autre planète.

La suite pour Vox Pompidou, à moyen terme, c’est…

VF : On a des dates de prévues jusqu’à mars 2017 au minimum et il y a surtout le prochain EP. Le but c’est qu’entre notre dernière date de 2016 et fin janvier on passe beaucoup de temps sur l’écriture des chansons.

D’ailleurs pourquoi l’anglais ?

MP : C’est forcément plus facile pour moi, avec ma manière de chanter ; ça sonne plus. En français c’est plus particulier, parce que c’est notre langue maternelle. (On lui souffle que « si je puis me permettre, c’est par humilité, mais en français aussi tu pourrais le faire ».) Peut être mais ça demande beaucoup de boulot. Et j’ai peur que ça influe sur ma manière de chanter. Après j’aimerais bien me faire comprendre par plus de personnes, car tout le monde n’est pas forcément bilingue.

Il y a un sacré potentiel poétique dans vos paroles : « Sharks are swimming in the fountains ». On peut se dire qu’en français ça sonnerait bien…

MP : Comme je disais tout à l’heure, c’est au premier degré, l’anarchie totale. Mais parfois, effectivement, je pense à reprendre des morceaux de Vox en français.

SD : C’est aussi un peu en fonction de sa manière de penser et d’écrire : par images plus que par messages. Il y a des requins dans les fontaines quoi. Normal.

(Quelqu’un fait remarquer que l’heure tourne.)

VF : Ça c’est bien pour terminer non ?

MPo : Des requins dans les fontaines, on dirait du Ferré en plus.

MP : Vous avez vu Sharknado ? La trilogie sur des requins dans des tourbillons qui atterrissent dans la ville… et dans des fontaines sans doute. Ça doit venir de là inconsciemment.

MPo : T’as pas vu passer la page sur Facebook où il y a marqué : « Si un jour tu doutes de tes idées et as peur de les affirmer, n’oublie pas qu’un jour il y a un mec qui a proposé un scénario avec des requins dans une tornade ». Il faut y croire.

MP : Comme disait Francis Lalanne, bien sûr qu’il faut rêver. Ou un truc du genre…

SD : Merci Francis.

 

Propos recueillis par Stanislas

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